J’ai un t-shirt polonais. Acheté avec des zlotys à l’aéroport de Cracovie en octobre dernier.
Je m’envolais vers Budapest avec Dulcinée Multicolore, quand je fus happé par la nécessité d’écouler mes zlotys et de joindre l’utile à l’agréable en acquérant divers articles susceptibles de contenter les oisillons au retour à la maison.
Il s’agit d’un t-shirt large, de couleur noire, sur lequel est inscrit, en beau caractère New York blanc: Nigdy nie jest za pozno by zaczac marnowac swoje zycie.
Vous me corrigerez, mais je crois que cela signifie: «Il n’est jamais trop tard pour commencer à gâcher votre vie.»
Nonobstant la profondeur et le caractère délicieusement ironique de la maxime, ce t-shirt a pris dans ma vie, et dans celle de Fiston qui participe aussi à la poursuite barbue du Saint Graal, une importance nouvelle, presque capitale: le Canadien de Montréal gagne si je le porte.
Est-ce l’effet Koutouzov? Cet humour slave évoque-t-il les plaines où Napoléon vit se désagréger sa Grande Armée? Toujours est-il que la chose fonctionne, au même titre que la serviette du CH que Fiston illumine dans la fenêtre du salon chaque soir de match.
La question se pose: dois-je laver mon chandail polonais? En ce soir où l’Archange Malkin a vu tant de ses tirs aboutir sur les poteaux, la chance, ingrédient indispensable aux championnats, est-elle soluble dans le détergent?
Ce mystère, que je n’ose éclaircir, m’accompagne dans mes rêves.
Jeannot! Attention! ne prend aucune chance!! À partir de ce soir on va avoir besoin de tous nos grisgris.
Oui, tous les grisgris, parce que les Volants vont se transformer en chasseurs de tête.
J’ai l’impression que ce ne sera pas joli, surtout si la Flanelle ne déteint pas et prend les devants!