Les premiers pas de Wallander

30 juillet 2010

J’ai acheté il y a quelques semaines une édition anglaise de 5 nouvelles de Henning Mankell, intitulée The pyramid.

Je n’ai pas tout lu Mankell, mais je crois que j’ai lu toute la série des Wallander, plus quelques autres romans dont notamment Tea-BagProfondeurs et Le cerveau de Kennedy.

J’étais un peu sceptique, les récupérations de premières parutions d’auteurs révérés se révélant parfois décevantes. J’ai lu les deux premières nouvelles et j’ai été charmé.

Kurt Wallander, cet anti-héros, y apparaît alors qu’il n’a qu’une vingtaine d’années. Jeune policier, il n’est pas encore chargé d’enquêtes criminelles. Mais déjà son personnage est tout à fait congruent, formé, le moule crédible de ce qu’il deviendra dans les grands romans qui marqueront sa maturité: solitaire, obstiné, sombre, rebelle et conformiste à la fois, porteur de cette angoisse qui deviendra, tel que l’écrit Mankell dans la préface du recueil, le leitmotiv de la série (qu’il a incidemment décidé de sous-titrer «Novels about the swedish anxiety»).

Il est d’ailleurs remarquable que Mankell, dans certains interviews, a laissé entendre qu’il en avait un peu marre de son personnage, le décrivant comme un homme avec qui il ne s’entendrait probablement pas.

Ces nouvelles se démarquent par une économie de moyens, un sens de l’ambiance, des esquisses de personnages qui ne sont pas sans rappeler, par certains aspects, Simenon.

Pour les aficionados de Mankell, on y découvre la genèse de la vie amoureuse et familiale de Wallander, notamment sa relation avec Mona, la mère de sa fille Linda.


Tournage aux Îles en septembre

26 juillet 2010

Le tournage de La peur de l’eau, adaptation cinématographique de mon roman On finit toujours par payer, débutera le 14 septembre prochain aux Iles-de-la-Madeleine.

L’équipe du réalisateur Gabriel Pelletier comprendra 50 techniciens et 20 comédiens, de même que des figurants madelinots. La productrice Nicole Robert, présidente de Go Films, évalue à un demi-million de dollars les retombées économiques pour l’arphipel.


Retour de Berlin

8 juillet 2010

Je reviens d’un bref séjour à Berlin.

Quelques images dans le kaléidoscope.

Au musée The story of Berlin, ces deux extraits de film, jouant l’un en face de l’autre: de part et d’autre du mur en construction, en août 1961, les habitants des deux Berlin, surveillés par des gardes, se font des signes de la main, s’embrassent à distance, pleurent, observent, incrédules, la construction de ce mur qui allait les séparer pendant vingt-huit ans et trois mois.

Vingt-trois heures, sur les bords de la Spree, en face de l’Île aux musées, cette piste de danse sous les palmiers, où, sous une pluie fine, une trentaine de mordus dansent le tango.

Toujours au bord de la Spree, dans le magnifique schlossgarten du château de Charlottenbourg, une vieille dame très belle, très droite, qui marche mélancoliquement dans l’orangeraie.

Le tsumani de hourras qui soulève les terrasses du Hackescher Markt quand l’Allemagne marque le premier but contre les Argentins.

Les nuées de jeunes pédalant sur d’antiques bicyclettes.

Phénix renaissant de ses cendres après la deuxième guerre mondiale, le cauchemar du Mur et la réunification, Berlin est en passe de redevenir une grande capitale européenne, au confluent de l’est et de l’ouest. Avec ses grues, ses vieux édifices trash, ses monticules de gravats, sa faune artistique, sa population multiculturelle, cette ville est un laboratoire social.


Le gardien de sécurité helvète et les Bleus

1 juillet 2010

Aéroport de Zurich, mercredi 06h45.

Devant le scanner, tandis que je dépose ma ceinture, mon ordinateur, ma monnaie, dans les bacs de plastique, l’homme – petit, rondouillet, la cinquantaine grisonnante – me tend brusquement la main et me dit: «Français? Mes condoléances.» Le tout avec un fort accent allemand.

Je serre la main, interdit. J’ai peut-être dit «Bonjour!», mais je ne suis pas français, ou si peu. Et cet homme paraît diablement sérieux.

La déconfiture des Bleus en Afrique du Sud a été si spectaculaire que je ne m’interroge qu’une seconde sur l’origine de ses sympathies.

Ce Suisse est aussi imperturbable qu’un garde. Est-ce un pince-sans-rire? Compatit-il vraiment avec ma «souffrance», qui peut être la sienne puisque l’équipe suisse a été elle aussi éliminée en phase de groupes?

Je me dirige vers l’arche électronique en me disant que les deux hypothèses sont aussi drôles l’une que l’autre.