La série Surprenant, mise à jour 2023

31 octobre 2022

Quand j’ai écrit On finit toujours par payer, en 2003, je ne croyais pas entreprendre ce qu’il est d’usage d’appeler «une série». Aujourd’hui, avec la parution au printemps du septième tome des enquêtes d’André Surprenant et pendant l’écriture du huitième, je peux me permettre une rétrospective de ces polars qui, bien qu’ils puissent se lire de façon indépendante, s’inscrivent néanmoins dans une suite narrative cohérente.

Détective Surprenant, l’adaptation en télésérie qui prendra l’affiche sur Club Illico le 7 décembre 2023 s’attardera en premier lieu au début de la carrière de Surprenant aux Îles-de-la-Madeleine.

On finit toujours par payer (La courte échelle, 2003, Nomades, 2016)

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Lieu et temps de la narration: Îles-de-la-Madeleine, automne 2001

Intrigue: Rosalie Richard, 19 ans, est retrouvée en bas d’une falaise. André Surprenant, sergent-enquêteur à la SQ, s’impose devant un enquêteur venu du continent et parvient à élucider une série de crimes dont l’auteur est inattendu.

Situation personnelle de Surprenant: marié, père de deux adolescents, attiré par une jeune coéquipière, Geneviève Savoie.

Prix Arthur-Ellis et France-Québec Philippe-Rossillon. Le livre a été adapté au cinéma par Gabriel Pelletier sous le titre La peur de l’eau.

Le mort du chemin des Arsène (La courte échelle, 2009, Nomades, 2016)

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Lieu et temps de la narration: Îles-de-la-Madeleine, été 2002.

Intrigue: Romain Leblanc, un violoneux réputé originaire de Fatima, est retrouvé mort dans son salon, après avoir fêté une partie de la nuit chez un voisin. Suicide? Meurtre? Le musicien au caractère abrasif s’était fait bien des ennemis.

Situation personnelle de Surprenant: divorcé, moral fragile, plus ou moins en relation avec Geneviève Savoie, s’apprête à quitter les Îles pour Québec.

Prix Arthur-Ellis, prix de création littéraire de la ville de Québec et du Salon du livre de Québec et prix des abonnés du réseau des bibliothèques de Québec.

L’homme du jeudi (La courte échelle, 2012, Nomades, 2016)

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Lieu et temps de la narration: Québec, 2003-2005.

Intrigue: Sergent-enquêteur à Lac-Beauport, André Surprenant élucide, à la suite d’une piste inattendue, un délit de fuite mortel survenu un an plus tôt à Sainte-Catherine-de-la Jacques-Cartier.

Situation personnelle de Surprenant: Vit avec Geneviève Savoie à Beauport. Sur la piste de son père disparu qui aurait été vu en Californie.

Finaliste au prix Arthur-Ellis 2012

Le mauvais côté des choses (Québec Amérique, 2015)

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Lieu et temps de la narration: Montréal, automne 2008.

Intrigue: Nouvellement transféré à l’escouade des crimes majeurs du SPVM, Surprenant est plongé dans une série de meurtres portant la griffe d’un psychopathe, mais peut-être aussi lié au crime organisé montréalais.

Situation personnelle de Surprenant: Vient d’hériter de la maison et du Steinway de son oncle Roger, vit toujours avec Geneviève, ses enfants Maude et Félix sont de jeunes adultes munis de conjoints, le père aurait de nouveau été localisé à Los Angeles.

Finaliste au Prix Arthur-Ellis 2015

Les Clefs du silence (Québec Amérique 2017)

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Lieu et temps de la narration: Montréal, juillet 2009.

Intrigue: Alors que le Festival de jazz bat son plein à Montréal, Surprenant est confronté au meurtre d’un infectiologue dans une clinique du CHUM. La scène de crime comporte des éléments troublants: une allusion à un groupe terroriste, un ordinateur trafiqué, un dernier patient introuvable. Le sergent-enquêteur de l’escouade des crimes majeurs sera bientôt aux prises avec des adversaires aussi occultes que puissants.

Situation personnelle de Surprenant: sa compagne Geneviève a des soucis de santé, sa fille Maude est sur le point d’accoucher, son père corrige le manuscrit de son autobiographie au bord de la rivière à Barbotte, la résurgence d’un fantôme du passé mettra son couple à rude épreuve.

Finaliste au prix de la Canadian Crime Writers, 2018.

Les Demoiselles de Havre-Aubert (2020)

Lieu et temps de la narration: Montréal, Îles-de-la-Madeleine, août 2009

Intrigue: Un soir d’août, le gérant d’une boutique de prêt sur gages de Montréal est abattu d’une balle dans la tête. André Surprenant, sergent-détective aux crimes majeurs du SPVM, est appelé sur les lieux bien qu’il soit en vacances. Pourquoi? La victime est née aux Îles-de-la-Madeleine et Surprenant s’apprête justement à s’y rendre avec sa famille pour jouir de quelques semaines de repos dans l’archipel où sa carrière d’enquêteur a pris son envol. Au grand dam de sa blonde Geneviève, il y est plongé dans une affaire complexe, où les cadavres s’accumulent.

Situation personnelle de Surprenant: Idem à celle du livre précédent, appelé à travailler aux Îles alors qu’il doit y être en vacances.

Finaliste au prix de la Canadian Crime Writers 2021.

Nos meilleurs amis sont les morts (avril 2023)

Lieu et temps de la narration: Montréal-Mauricie, mai 2012

Intrigue: Montréal, 1er mai 2012. Maître Jean-Claude Ladouceur, notaire, est retrouvé égorgé dans le sous-sol de sa maison d’Ahuntsic. À côté du cadavre, un carré de tissu rouge. Le sergent-détective André Surprenant est sceptique. Le meurtre ne lui paraît pas lié à la crise du printemps érable. Les leurres, il a déjà donné.

Pour LP Brazeau, son partenaire, le mobile est simple: l’argent, toujours l’argent. Entre une veuve troublante, un promoteur immobilier amateur de dictons, un patron louche et un banquier qui joue au mécène, Surprenant est entraîné dans une affaire complexe, qui déborde à la fois de Montréal et des années 2010.

Les meurtres se succèdent. La sécurité de Surprenant et de ses proches, la paix même du couple inoxydable qu’il forme avec Geneviève, sont menacées. Brazeau a tort: il ne s’agit pas simplement d’argent. Quelqu’un cherche à se venger. Surprenant fouille la ville avec une nouvelle coéquipière allumée. De ces jours trépidants, il sortira changé.

Situation personnelle de Surprenant: Geneviève traverse une crise personnelle. William, le fils aîné de Geneviève, sort avec une activiste. Laurie, la fille apparue dans le quatrième tome de la série, prend une plus grande place dans la vie de la famille.


«Détective Surprenant», une télésérie à Club Illico en 2023

25 octobre 2022

Hier, Club Illico a annoncé le tournage en 2023 d’une télésérie mettant en scène le sergent André Surprenant, personnage central de ma lignée de polars commencée en 2003 par On finit toujours par payer.

C’est le couronnement d’un travail de longue haleine, plus de trois ans, par la maison de production Version 10. Des changements seront effectués pour actualiser le récit, tout en conservant le caractère des personnages principaux. La scénarisation a été confiée à Marie-Ève Bourassa et Maureen Martineau, toutes deux des romancières aguerries.

Le réalisateur sera Yannick Savard, connu entre autres pour les séries Piégés et Nous.

Le tournage se fera en tout ou en partie aux Îles-de-la-Madeleine. Des détails ultérieurs, tels que le casting, seront dévoilés dans les prochaines semaines ou les prochains mois. Chose certaine, le projet se fera.

Pour un auteur, c’est une grande joie de voir ses personnages quitter, comme de jeunes adultes, la maison des textes originaux pour explorer d’autres espaces de fiction.

Surprenant, le personnage de roman, continue néanmoins son périple. La tête de violon, nouvelle rééditée, paraîtra le 1er novembre chez Québec Amérique. Un septième «gros» livre est par ailleurs prévu en mars 2023.


Le drapeau de Carillon à Paris et à Monopoli

20 octobre 2022

Je séjourne une semaine à Monopoli, au sud de Bari, dans un appartement situé dans le centro storico. J’y suis entouré d’églises et de murailles médiévales, aussi de boomers et de touristes de tous acabits branchés sur leur téléphone. Je tombe, au hasard de mes promenades, sur des œuvres comme la porte de l’église de Sainte-Marie du Suffrage, qui ne date tout de même que du dix-septième siècle. J’y tombe aussi, au hasard de mes errances sur Internet, sur cet article de Dave Noël, dans le Devoir d’aujourd’hui: Ancêtre du fleurdelysé, une «relique» du drapeau de Carillon retrouvée (et achetée) à Paris.

L’article est excellent et reprend en grande partie ce dont j’ai parlé dans ma nouvelle, Le Récollet, parue dans le recueil De racines et de mots, publié chez Septentrion en 2021 et dont le sujet est la persistance des langues en Amérique du Nord. Dans mon texte, j’évoquais l’étrange expression de mon père qui appelait «récollet» la dernière carte d’une sorte aux cartes. Ce récollet était bien le frère Louis Martinet dit Bonami, dernier de son ordre dans l’imagination populaire, qui allait jouer un rôle cardinal dans la renaissance – ou la mystification – du célèbre drapeau de Carillon, telle qu’évoquée dans l’article du Devoir.

À Monopoli, j’apprends aujourd’hui qu’un bout de cette banderole, qui probablement n’avait pas vu le feu de Carillon, vient d’être acheté par un collectionneur à Paris. Comme quoi il n’y a pas que les touristes qui voyagent.


Retour à Vienne

10 octobre 2022

Des circonstances familiales font que je me retrouve pour la sixième, huitième ou dixième fois à Vienne, capitale de l’Autriche et de la musique de la période classique, aussi berceau de la psychanalyse.

J’ai arpenté la ville pour la première fois en imagination, à la fin de l’enfance ou au début de l’adolescence, en visionnant un film sur la vie de Beethoven. C’était dans les années soixante. Le film était en noir et blanc. Il est si ancien que je n’en retrouve pas trace sur Internet. Peut-être existe-t-il seulement dans mes souvenirs?

De ce film, qui n’est pas passé à l’histoire, je retiens deux images, un fleuve ou un lac sous la lune, et Beethoven sourd à son piano, tentant de recréer la musique qu’il entendait dans sa tête. Le scénario reprenait, concentrés, tous les poncifs romantiques associés au compositeur ou à Vienne, ville extraordinaire où s’étaient succédés, dans quelques kilomètres carrés, Gluck, Haydn, Mozart, Beethoven et Brahms, sans compter une génération de peintres aussi dorés que maudits, Sigmund Freud et Carl Jung.

Le travail de la mémoire est si tortueux que j’arrive aujourd’hui à la conclusion que ce film était probablement une production de Disney, en couleurs, The magnificent rebel, tourné en 1962. La sonate au Clair de lune y jouait un rôle mineur. Quoi qu’il en soit, j’ai intériorisé une image fictive de Vienne, une ville de musique et de pouvoir, le centre d’où les Habsbourg avaient régné pendant des décennies sur l’Europe centrale. Plus tard, j’ai lu des biographies de musiciens, vu le film Amadeus, étudié l’histoire de la psychiatrie à l’université, intégré la fascination de John Irving pour la ville ainsi que la mystique entourant Le troisième homme.

Bien des années plus tard, en 2005, à plus de cinquante ans, j’ai visité la ville réelle. Depuis, j’y suis revenu plusieurs fois. Vienne est même la toile de fond de mon dernier roman, La Dame de la rue des Messieurs.

À part son rayonnement médical et musical, pourquoi cette ville occupe-t-elle une place si importante dans la culture mondiale? Les réponses sont multiples. L’agglomération de Vienne, avec ses 2,9 millions d’habitants, est encore aujourd’hui la deuxième ville germanique en importance, derrière Berlin. Au tournant du siècle, avant la fin de la première guerre mondiale, Vienne comptait déjà deux millions d’habitants, ce qui en faisait une des plus villes les plus populeuses d’occident avec New York, Paris et Londres. Surtout, l’ancienne ville celte, fondée 500 ans avant JC, est située au confluent de plusieurs mondes, l’est et l’ouest de l’Europe dans un axe, le nord et le sud dans l’autre, les sphères chrétiennes et musulmanes, slaves, latines et germaniques.

Au-delà de ces considérations géosociopolitiques, Vienne est régulièrement reconnue pour être l’une des villes les plus agréables au monde. Encore ici, la ville est à un confluent. L’Autriche est certainement un pays conservateur. Capitale de cet état, Vienne est à gauche.

Aujourd’hui, dans ces temps troublés et troublants, la ville accueille un nombre important de réfugiés, qu’ils viennent d’Ukraine, du Moyen-Orient, des Balkans ou de l’Afrique. Vienne joue encore son rôle traditionnel de creuset.

Si ma vie familiale ne m’y ramenait pas, serais-je revenu si souvent à Vienne? La réponse brève est non. Aujourd’hui, je m’y sens presque chez moi. J’y ai des habitudes, des souvenirs et des connaissances. J’ai passé des heures, des jours à écrire dans ses cafés, mais j’y demeure prisonnier de mes (très importantes) limites en allemand. Vienne, cette belle ville monumentale, à la fois sévère et frivole, me garde sous son charme, comme ce vieux film convenu et mélancolique que j’avais regardé jusqu’à la fin alors que je devais me coucher tôt pour aller à l’école.

J’ai toujours détesté me coucher.