Je séjourne une semaine à Monopoli, au sud de Bari, dans un appartement situé dans le centro storico. J’y suis entouré d’églises et de murailles médiévales, aussi de boomers et de touristes de tous acabits branchés sur leur téléphone. Je tombe, au hasard de mes promenades, sur des œuvres comme la porte de l’église de Sainte-Marie du Suffrage, qui ne date tout de même que du dix-septième siècle. J’y tombe aussi, au hasard de mes errances sur Internet, sur cet article de Dave Noël, dans le Devoir d’aujourd’hui: Ancêtre du fleurdelysé, une «relique» du drapeau de Carillon retrouvée (et achetée) à Paris.
L’article est excellent et reprend en grande partie ce dont j’ai parlé dans ma nouvelle, Le Récollet, parue dans le recueil De racines et de mots, publié chez Septentrion en 2021 et dont le sujet est la persistance des langues en Amérique du Nord. Dans mon texte, j’évoquais l’étrange expression de mon père qui appelait «récollet» la dernière carte d’une sorte aux cartes. Ce récollet était bien le frère Louis Martinet dit Bonami, dernier de son ordre dans l’imagination populaire, qui allait jouer un rôle cardinal dans la renaissance – ou la mystification – du célèbre drapeau de Carillon, telle qu’évoquée dans l’article du Devoir.
À Monopoli, j’apprends aujourd’hui qu’un bout de cette banderole, qui probablement n’avait pas vu le feu de Carillon, vient d’être acheté par un collectionneur à Paris. Comme quoi il n’y a pas que les touristes qui voyagent.