Non à la hausse des frais de scolarité: que le Québec ose être différent.

15 mars 2012

Comme bien d’autres, la hausse des frais de scolarité m’est d’abord apparue, en ces temps de morosité économique, comme un mal nécessaire: dans ce monde où tout augmente, pourquoi les frais reliés aux études supérieures seraient-ils figés dans le béton?

Les arguments des jeunes, en particulier ceux de mes enfants, m’ont amené à examiner la question de plus près. Je me suis aperçu que j’étais, comme beaucoup de monde, sous l’influence de l’insidieux murmure marchand.

Vous connaissez cette voix: c’est celle que nous susurre, jour après jour, ce Sauron des temps modernes: le profit, ou sa sœur jumelle, la rentabilité économique.

Le financement des universités devant s’arrimer de plus en plus sur les dons privés, que ce soit de fondations ou de compagnies, il importe que ces établissements fournissent au secteur de l’emploi de jeunes cerveaux prêts à s’inscrire dans les mécanismes de production et d’optimisation du capital. Dans ce système, l’endettement de l’étudiant sert en quelque sorte de filtre et de levier. À l’entrée, les moins nantis sont pénalisés ou éliminés. À la sortie, le finissant sera prêt, au bout de sa corde de crédit, à accepter n’importe quelles conditions pour se sortir du trou, par exemple un emploi précaire, pour lequel il sera probablement surscolarisé.

Dans ce contexte où le poids de l’endettement dirige les jeunes, comme des bestiaux, vers des emplois possédant une dite valeur économique, l’avenir des sciences humaines, de l’enseignement des arts, de la pensée critique, est menacé.

L’un des grands arguments des tenants de la hausse est le fameux contexte nord-américain. Les arguments sont connus: le Québec est, en Amérique du Nord, l’endroit où les frais sont les moins élevés. Si les universités québécoises veulent demeurer compétitives, elles doivent disposer de plus de ressources.

À l’opposé, les frais de scolarité en Europe sont moindres, voire inexistants. Encore une fois, le Québec se trouve à cheval entre l’Europe et l’Amérique. Sans nier la réalité nord-américaine ou fixer éternellement les frais québécois au niveau actuel, il y aurait peut-être lieu, comme société, d’explorer une voie mitoyenne, qui reposerait sur notre différence et nos valeurs.

L’économie de demain sera celle du savoir. Formons des cerveaux. Encourageons l’érudition, la contestation, la critique.

Le gouvernement québécois actuel, celui du PLQ et de Jean Charest, soi-disant «l’homme qui a les deux mains sur le volant», nous a habitué à un gaspillage éhonté des fonds publics. Nous parlons ici de corruption généralisée, de liens avec le crime organisé, de faveurs à des proches du parti (garderies, tableaux électroniques), de dépassements systématiques des coûts de construction, d’immobilisme politique. La gestion même des universités, avec les scandaleuses primes de séparation des cadres (Concordia, Laval), les catastrophes immobilières (Ilot Voyageur, etc), est sujet à caution.

Devant ces données, j’ai pris le parti de voir cette question d’un œil nouveau et de privilégier la jeunesse, le savoir, face au rouleau compresseur de l’idéologie néo-libérale.


«La lune rouge» et «On finit toujours par payer» disponibles en numérique

8 mars 2012

La lune rouge, d’abord publié en 1991, puis revisité en 2000, est mon premier roman publié. Il raconte l’Halloween mouvementée de François Robidoux MD à l’Île d’Entrée, mais l’action a ses racines dans la deuxième guerre mondiale.

On finit toujours par payer, première apparition du sergent-enquêteur André Surprenant, relate l’enquête sur le meurtre de Rosalie Richard.


Harper et le projet de loi C-11: nous vivons dans une grande noirceur

7 mars 2012

Faisant fi de l’opposition des créateurs, le gouvernement conservateur de Stephen Harper va de l’avant, ou plutôt de l’arrière, avec le projet de loi C-11, qui restreint la portée du droit d’auteur.

En pratique, la nouvelle loi amputera les revenus, déjà modestes, des écrivains et des autres artistes. Elle facilitera le piratage et la reproduction des œuvres. Elle affaiblira aussi, par la bande, un segment de la population qui a peu d’atomes crochus avec la mouvance conservatrice.

Ce nouveau fait d’armes de Stephen Harper s’inscrit, comme l’ensemble de son bilan comme premier ministre du Canada, dans une guerre idéologique l’opposant à la tradition centriste (ou du centre-gauche) qui a longtemps dominé le paysage politique canadien.

En plus du projet de loi C-11, nous avons affaire à un gouvernement qui:

1) a prorogé le Parlement quand il risquait d’être renversé

2) a aboli le registre des armes à feu, a célébré l’événement sans vergogne et a refusé aux provinces l’accès aux données archivées

3) a coupé considérablement dans le budget de Radio-Canada

4) a transformé le Canada en un état-bandit sur le plan environnemental, suite à son assujettissement au puissant lobby pétrolier de l’ouest

5) a aligné la politique extérieure sur celle des États-Unis

6) soutient l’état d’Israël d’une façon totalement disproportionnée

7) a eu recours à des tactiques de détournement du vote lors des dernières élections, cf le scandale «robo-call»

8) a systématiquement recours à une politique de segmentation de l’électorat (wedge politics), en s’appuyant sur un électorat aveugle et partisan

9) a réintroduit des symboles politiques désuets, par exemple la Reine Elizabeth II

10) pratique une politique de patronage et de favoritisme de façon éhontée, dont les derniers faits d’arme du ministre Christian Paradis ne constituent que la pointe de l’iceberg

11) a complètement coupé les ponts avec la société québécoise et base sa popularité au Canada anglais sur une forme de moins en moins subtile de Quebec bashing

12) a durci la loi contre les jeunes contrevenants en refilant la facture aux provinces

Cette liste n’est pas exhaustive.

Stephen Harper, ce politicien brillant mais dangereux, est mon ennemi. De semaine en semaine, de mois en mois, il transforme une société relativement tolérante, ouverte, en un espace social inamical, paranoïde, revanchard, mesquin, agressif, calqué sur les modèles de la droite américaine, le tout en s’appuyant sur des outils de désinformation et de manipulation politique inédits au Canada.

Ce n’est peut-être pas par hasard que l’organisateur bidon des «robocalls» au Québec s’appelait Pierre Poutine.

En Stephen Harper, nous avons notre propre Poutine.