Non à la hausse des frais de scolarité: que le Québec ose être différent.

Comme bien d’autres, la hausse des frais de scolarité m’est d’abord apparue, en ces temps de morosité économique, comme un mal nécessaire: dans ce monde où tout augmente, pourquoi les frais reliés aux études supérieures seraient-ils figés dans le béton?

Les arguments des jeunes, en particulier ceux de mes enfants, m’ont amené à examiner la question de plus près. Je me suis aperçu que j’étais, comme beaucoup de monde, sous l’influence de l’insidieux murmure marchand.

Vous connaissez cette voix: c’est celle que nous susurre, jour après jour, ce Sauron des temps modernes: le profit, ou sa sœur jumelle, la rentabilité économique.

Le financement des universités devant s’arrimer de plus en plus sur les dons privés, que ce soit de fondations ou de compagnies, il importe que ces établissements fournissent au secteur de l’emploi de jeunes cerveaux prêts à s’inscrire dans les mécanismes de production et d’optimisation du capital. Dans ce système, l’endettement de l’étudiant sert en quelque sorte de filtre et de levier. À l’entrée, les moins nantis sont pénalisés ou éliminés. À la sortie, le finissant sera prêt, au bout de sa corde de crédit, à accepter n’importe quelles conditions pour se sortir du trou, par exemple un emploi précaire, pour lequel il sera probablement surscolarisé.

Dans ce contexte où le poids de l’endettement dirige les jeunes, comme des bestiaux, vers des emplois possédant une dite valeur économique, l’avenir des sciences humaines, de l’enseignement des arts, de la pensée critique, est menacé.

L’un des grands arguments des tenants de la hausse est le fameux contexte nord-américain. Les arguments sont connus: le Québec est, en Amérique du Nord, l’endroit où les frais sont les moins élevés. Si les universités québécoises veulent demeurer compétitives, elles doivent disposer de plus de ressources.

À l’opposé, les frais de scolarité en Europe sont moindres, voire inexistants. Encore une fois, le Québec se trouve à cheval entre l’Europe et l’Amérique. Sans nier la réalité nord-américaine ou fixer éternellement les frais québécois au niveau actuel, il y aurait peut-être lieu, comme société, d’explorer une voie mitoyenne, qui reposerait sur notre différence et nos valeurs.

L’économie de demain sera celle du savoir. Formons des cerveaux. Encourageons l’érudition, la contestation, la critique.

Le gouvernement québécois actuel, celui du PLQ et de Jean Charest, soi-disant «l’homme qui a les deux mains sur le volant», nous a habitué à un gaspillage éhonté des fonds publics. Nous parlons ici de corruption généralisée, de liens avec le crime organisé, de faveurs à des proches du parti (garderies, tableaux électroniques), de dépassements systématiques des coûts de construction, d’immobilisme politique. La gestion même des universités, avec les scandaleuses primes de séparation des cadres (Concordia, Laval), les catastrophes immobilières (Ilot Voyageur, etc), est sujet à caution.

Devant ces données, j’ai pris le parti de voir cette question d’un œil nouveau et de privilégier la jeunesse, le savoir, face au rouleau compresseur de l’idéologie néo-libérale.

2 Responses to Non à la hausse des frais de scolarité: que le Québec ose être différent.

  1. Marc Choquette dit :

    Voir également La Presse de ce matin (16 mars) au sujet de la contribution exigée des parents du Québec par rapport à ce qui se fait ailleurs au Canada pour constater que les frais ne sont pas moins élevés au Québec, enfin pas pour tout le monde. Je prends aussi, le parti de la jeunesse… et de ses parents.

  2. Diane Bergeron dit :

    Merci Jean, de nous ouvrir les yeux. Mes 4 enfants arrivent aux études post-secondaires et je vois mal ces jeunes cerveaux brillants et surtout pleins d’espoir, devoir s’arrêter en plein parcours ou délaisser des choix de carrière à cause du manque d’argent. Cuba, dont on parle peu, possède pourtant le plus de diplômés universitaires au prorata. Georges Wolinsky (dans Monsieur Paul à Cuba) disait: « [Cuba] Le seul pays d’Amérique latine [] où il y a plus d’analphabètes parmi les touristes que parmi les Cubains. » Devrait-on utiliser le modèle socialiste? C’est certain que la connaissance générale et la culture ne sont pas bien vus au niveau de nos instances politiques. C’est tannant des « grandes gueules » qui savent de quoi elles parlent ! Moi aussi je mise sur les jeunes!

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