Valerio Varesi, journaliste né à Turin en 1959, a écrit une série de romans policiers mettant en scène le commissaire Soneri. J’ai lu Le Fleuve des brumes qui s’est mérité l’International Dagger Award en 2011, ce qui n’est pas rien.
C’est très bon. Les méthodes sinueuses de Soneri évoquent à la fois Adamsberg et Dalgleish, tout en demeurant en phase avec le protagoniste principal du roman, le Pô, grand fleuve qui traverse d’ouest en est le nord de l’Italie.
Les amateurs de scènes d’action et d’amoncellement de cadavres pourront être frustrés. Soneri, veuf encombré plutôt heureusement d’une maîtresse avocate qui le relance périodiquement et apprécie les ébats dans des péniches désertes, tient aussi de Maigret, à la différence qu’il tête un cigare plutôt qu’une pipe et préfère le vin à la bière.
Il est donc du type qui s’imprègne, d’atmosphère, d’alcools, de grognements et de non-dits. La clef de l’énigme réside dans un passé à la fois proche et lointain, le fascisme et le communisme. Les scènes les plus mémorables consistent en séances de silences plus ou moins chargés dans une trattoria tenue par un sourd amateur de Verdi, alternant avec des visites nocturnes sur les rives du fleuve en crue, sur lequel circulent bateaux clandestins et canoteurs solitaires.
Soneri a plusieurs enquêtes à son actif.