Aéroport de Zurich, mercredi 06h45.
Devant le scanner, tandis que je dépose ma ceinture, mon ordinateur, ma monnaie, dans les bacs de plastique, l’homme – petit, rondouillet, la cinquantaine grisonnante – me tend brusquement la main et me dit: «Français? Mes condoléances.» Le tout avec un fort accent allemand.
Je serre la main, interdit. J’ai peut-être dit «Bonjour!», mais je ne suis pas français, ou si peu. Et cet homme paraît diablement sérieux.
La déconfiture des Bleus en Afrique du Sud a été si spectaculaire que je ne m’interroge qu’une seconde sur l’origine de ses sympathies.
Ce Suisse est aussi imperturbable qu’un garde. Est-ce un pince-sans-rire? Compatit-il vraiment avec ma «souffrance», qui peut être la sienne puisque l’équipe suisse a été elle aussi éliminée en phase de groupes?
Je me dirige vers l’arche électronique en me disant que les deux hypothèses sont aussi drôles l’une que l’autre.