«Détective Surprenant», une télésérie à Club Illico en 2023

25 octobre 2022

Hier, Club Illico a annoncé le tournage en 2023 d’une télésérie mettant en scène le sergent André Surprenant, personnage central de ma lignée de polars commencée en 2003 par On finit toujours par payer.

C’est le couronnement d’un travail de longue haleine, plus de trois ans, par la maison de production Version 10. Des changements seront effectués pour actualiser le récit, tout en conservant le caractère des personnages principaux. La scénarisation a été confiée à Marie-Ève Bourassa et Maureen Martineau, toutes deux des romancières aguerries.

Le réalisateur sera Yannick Savard, connu entre autres pour les séries Piégés et Nous.

Le tournage se fera en tout ou en partie aux Îles-de-la-Madeleine. Des détails ultérieurs, tels que le casting, seront dévoilés dans les prochaines semaines ou les prochains mois. Chose certaine, le projet se fera.

Pour un auteur, c’est une grande joie de voir ses personnages quitter, comme de jeunes adultes, la maison des textes originaux pour explorer d’autres espaces de fiction.

Surprenant, le personnage de roman, continue néanmoins son périple. La tête de violon, nouvelle rééditée, paraîtra le 1er novembre chez Québec Amérique. Un septième «gros» livre est par ailleurs prévu en mars 2023.


Le drapeau de Carillon à Paris et à Monopoli

20 octobre 2022

Je séjourne une semaine à Monopoli, au sud de Bari, dans un appartement situé dans le centro storico. J’y suis entouré d’églises et de murailles médiévales, aussi de boomers et de touristes de tous acabits branchés sur leur téléphone. Je tombe, au hasard de mes promenades, sur des œuvres comme la porte de l’église de Sainte-Marie du Suffrage, qui ne date tout de même que du dix-septième siècle. J’y tombe aussi, au hasard de mes errances sur Internet, sur cet article de Dave Noël, dans le Devoir d’aujourd’hui: Ancêtre du fleurdelysé, une «relique» du drapeau de Carillon retrouvée (et achetée) à Paris.

L’article est excellent et reprend en grande partie ce dont j’ai parlé dans ma nouvelle, Le Récollet, parue dans le recueil De racines et de mots, publié chez Septentrion en 2021 et dont le sujet est la persistance des langues en Amérique du Nord. Dans mon texte, j’évoquais l’étrange expression de mon père qui appelait «récollet» la dernière carte d’une sorte aux cartes. Ce récollet était bien le frère Louis Martinet dit Bonami, dernier de son ordre dans l’imagination populaire, qui allait jouer un rôle cardinal dans la renaissance – ou la mystification – du célèbre drapeau de Carillon, telle qu’évoquée dans l’article du Devoir.

À Monopoli, j’apprends aujourd’hui qu’un bout de cette banderole, qui probablement n’avait pas vu le feu de Carillon, vient d’être acheté par un collectionneur à Paris. Comme quoi il n’y a pas que les touristes qui voyagent.


Retour à Vienne

10 octobre 2022

Des circonstances familiales font que je me retrouve pour la sixième, huitième ou dixième fois à Vienne, capitale de l’Autriche et de la musique de la période classique, aussi berceau de la psychanalyse.

J’ai arpenté la ville pour la première fois en imagination, à la fin de l’enfance ou au début de l’adolescence, en visionnant un film sur la vie de Beethoven. C’était dans les années soixante. Le film était en noir et blanc. Il est si ancien que je n’en retrouve pas trace sur Internet. Peut-être existe-t-il seulement dans mes souvenirs?

De ce film, qui n’est pas passé à l’histoire, je retiens deux images, un fleuve ou un lac sous la lune, et Beethoven sourd à son piano, tentant de recréer la musique qu’il entendait dans sa tête. Le scénario reprenait, concentrés, tous les poncifs romantiques associés au compositeur ou à Vienne, ville extraordinaire où s’étaient succédés, dans quelques kilomètres carrés, Gluck, Haydn, Mozart, Beethoven et Brahms, sans compter une génération de peintres aussi dorés que maudits, Sigmund Freud et Carl Jung.

Le travail de la mémoire est si tortueux que j’arrive aujourd’hui à la conclusion que ce film était probablement une production de Disney, en couleurs, The magnificent rebel, tourné en 1962. La sonate au Clair de lune y jouait un rôle mineur. Quoi qu’il en soit, j’ai intériorisé une image fictive de Vienne, une ville de musique et de pouvoir, le centre d’où les Habsbourg avaient régné pendant des décennies sur l’Europe centrale. Plus tard, j’ai lu des biographies de musiciens, vu le film Amadeus, étudié l’histoire de la psychiatrie à l’université, intégré la fascination de John Irving pour la ville ainsi que la mystique entourant Le troisième homme.

Bien des années plus tard, en 2005, à plus de cinquante ans, j’ai visité la ville réelle. Depuis, j’y suis revenu plusieurs fois. Vienne est même la toile de fond de mon dernier roman, La Dame de la rue des Messieurs.

À part son rayonnement médical et musical, pourquoi cette ville occupe-t-elle une place si importante dans la culture mondiale? Les réponses sont multiples. L’agglomération de Vienne, avec ses 2,9 millions d’habitants, est encore aujourd’hui la deuxième ville germanique en importance, derrière Berlin. Au tournant du siècle, avant la fin de la première guerre mondiale, Vienne comptait déjà deux millions d’habitants, ce qui en faisait une des plus villes les plus populeuses d’occident avec New York, Paris et Londres. Surtout, l’ancienne ville celte, fondée 500 ans avant JC, est située au confluent de plusieurs mondes, l’est et l’ouest de l’Europe dans un axe, le nord et le sud dans l’autre, les sphères chrétiennes et musulmanes, slaves, latines et germaniques.

Au-delà de ces considérations géosociopolitiques, Vienne est régulièrement reconnue pour être l’une des villes les plus agréables au monde. Encore ici, la ville est à un confluent. L’Autriche est certainement un pays conservateur. Capitale de cet état, Vienne est à gauche.

Aujourd’hui, dans ces temps troublés et troublants, la ville accueille un nombre important de réfugiés, qu’ils viennent d’Ukraine, du Moyen-Orient, des Balkans ou de l’Afrique. Vienne joue encore son rôle traditionnel de creuset.

Si ma vie familiale ne m’y ramenait pas, serais-je revenu si souvent à Vienne? La réponse brève est non. Aujourd’hui, je m’y sens presque chez moi. J’y ai des habitudes, des souvenirs et des connaissances. J’ai passé des heures, des jours à écrire dans ses cafés, mais j’y demeure prisonnier de mes (très importantes) limites en allemand. Vienne, cette belle ville monumentale, à la fois sévère et frivole, me garde sous son charme, comme ce vieux film convenu et mélancolique que j’avais regardé jusqu’à la fin alors que je devais me coucher tôt pour aller à l’école.

J’ai toujours détesté me coucher.


La Tête de violon

26 septembre 2022

Le 1er novembre prochain paraîtra dans la collection QA-mini de Québec Amérique La Tête de violon.

Il s’agit d’une nouvelle d’une cinquantaine de pages, originalement parue en 2016 dans la défunte revue Alibis.

L’action se situe chronologiquement entre Le Mort du chemin des Arsène et L’Homme du jeudi. Le sergent-enquêteur André Surprenant, encore à la SQ, travaille à Lac-Beauport, dans la périphérie nord de Québec, depuis quelques mois. Sa nouvelle compagne, Geneviève Savoie, vit toujours aux Îles-de-la-Madeleine avec ses deux enfants. Surprenant, dont les enfants vivent à Montréal avec son ex, habite un appartement sur la rue Dalhousie, près du fleuve.

L’élément déclencheur est un incendie, une nuit de printemps, dans un chalet de Tewkesbury, près de la rivière Jacques-Cartier. Le corps de Anne Robitaille, née Cassidy, la cinquantaine, est retiré des décombres, de même qu’une tête de violon à demi calcinée. Le mari, médecin, a un solide alibi: il était en train d’accoucher une patiente quand l’incendie s’est déclaré. Par ailleurs, il peine à expliquer la présence d’un violon dans le chalet: son épouse, à sa connaissance, n’en jouait pas.

Surprenant apprend par la suite qu’une voiture, louée par un voyageur de passage, a été vue non loin du chalet pendant la nuit.

De fil en aiguille, Surprenant en viendra à prendre la même direction que les cargos dont il observe le passage sur le fleuve: l’est, l’Europe où repose la solution à la mort inexpliquée de la mystérieuse violoniste.

Mettant en scène des personnages de La Marche du fou, cette nouvelle met de nouveau l’enquêteur avec un mort – ou un meurtrier – hanté par son passé.


Juste les bonnes notes

24 août 2022

Une belle critique de La Dame de la rue des Messieurs de la part de Josée Boileau dans le Journal de Montréal.


«La Dame de la rue des Messieurs», article dans «Le journal de Montréal»

21 juin 2022

Le jour de la fête des pères, Marie-France Bornais publiait cet article dans le Journal de Montréal.

Le jour était bien choisi, la paternité ou plus largement la venue d’enfants étant un thème majeur du roman.


«La Tête de violon», nouvelle édition en format poche cet automne

6 juin 2022

En novembre prochain, dans la collection QA-mini de Québec Amérique paraîtra une réédition de La Tête de violon, nouvelle originalement publiée dans la revue Alibis en 2016.

Il s’agit d’une enquête d’André Surprenant alors qu’il est sergent-enquêteur à la SQ de Lac-Beauport. L’intrigue se situe temporellement en mai 2003, alors qu’il est revenu des Îles-de-la-Madeleine et avant que Geneviève vienne le rejoindre avec ses fils à Québec. Dans la série, il se situe donc entre Le Mort du chemin des Arsène et L’Homme du jeudi.

La nouvelle reprend aussi des personnages introduits dans La Marche du fou, soit la famille Robitaille, Jacques, jeune historien globe-trotter, Raphaëlle, enseignante, le père médecin-accoucheur et surtout la mère, Anne Cassidy, traductrice au Ministère de la Défense nationale, dont le corps est découvert calciné dans un chalet de Tewkesbury. L’enquête sur cette mort suspecte entraînera Surprenant, par la piste des luthiers, jusqu’en Europe.


«La Dame de la rue des Messieurs», deux recensions

31 mai 2022

Jean-François Crépeau, chroniqueur au Canada-Français de Saint-Jean-sur-Richelieu, et Dominique Blondeau ont publié cette semaine deux recensions de mon roman paru en mars.


Voyage à Florence avec un parapluie

5 mai 2022

« S’il est vrai que l’inaction est toujours une chose insupportable, imaginez à quel point elle peut travailler le cerveau d’un homme qui a les pieds mouillés » – Capitaine W.E. Johns, Biggles Sees it Trough

C’est sciemment que je reprends le titre du roman de Louis Gauthier paru en 1984 et qui a obtenu en 1997 le prix Hervé-Foulon destiné à souligner l’excellence d’un livre négligé. J’ai lu une première fois ce roman à Gaspé vers 1987, peu après sa parution, lors d’un très court séjour dans lequel j’assumais le rôle ad hoc de bassiste accompagnateur de Georges Langford. Je faisais partie d’un équipage de musiciens disparates. Nous logions dans un motel dont je ne me souviens plus du nom et nous avions veillé tard. Quelques images me sont restées, dont la couverture noire du roman de Gauthier que je lisais avidement au bar de l’établissement.

Pourquoi parler de Gaspé en 1987, de l’Irlande de Louis Gauthier, alors que je suis à Florence en mai 2022? Parce qu’il pleut depuis le matin et que j’ai passé l’après-midi à arpenter la ville de Santa Croce au Duomo à Santo Spirito à Santo Marco e Lorenzo à Santo Spirito encore puis à la Via dei Neri puis à la Piazza della Signoria dont je viens de rentrer, les pieds à peine mouillés à cause du progrès de la fabrication des chaussures depuis l’époque du capitaine Johns.

C’est un euphémisme de dire que Florence a constitué dans l’histoire une ville importante. Entre le début du quatorzième et le début du seizième siècle, la ville a été le principal foyer de la Renaissance. J’y fais, à 68 ans, un cinquième séjour, cette fois-ci caractérisé par ce qui pourrait être décrit comme une renaissance post- ou per-pandémique: je mets les pieds en Europe pour la première fois depuis trois ans. Je reviens périodiquement dans ce lieu hyper-touristique. J’y fais, comme chaque fois, une visite au musée des Offices pour voir, entre autres, les Botticelli. J’y arpente comme il y a 45 ans la piazza della Signoria et celle du Duomo, les jardins de Boboli, le Ponte Vecchio, seul pont épargné par les Allemands lors de leur retraite à la fin de la deuxième Guerre mondiale.

La ville a changé. Son centre est devenu, comme tant d’autres lieux-cultes, un centre d’achat à ciel ouvert, arpenté par tous les bipèdes de la planète. Début mai, c’est encore vivable. Dans trois ou quatre semaines, je ne suis pas certain. Il reste des constantes, dont la résilience des Florentins, commerçants depuis des temps immémoriaux, et l’omniprésence des jeunes de tous acabits, étudiants du secondaire venus de toutes les provinces d’Italie, et aussi de plus loin, universitaires en majorité anglophones, le voyage en Italie semblant faire toujours partie d’un certain cursus de la classe aisée américaine.

C’est sans compter les boomers dépensant leur fond de pension à la poursuite de leur Renaissance personnelle, ou simplement charmés par l’Italie, ce diamant aux reflets inépuisables. Mussolini aurait dit, philosophe, que gouverner l’Italie était une chose absolument inutile, un peu comme de Gaulle s’est demandé comment être le président d’un pays qui soutient plus de mille marques de fromage. Marcher dans Florence sous un parapluie, au hasard, c’est tomber, dans une ruelle étroite, sur la maison où est née Mona Lisa, dans des rues plus larges, sur celles où ont habité Raphaël et Machiavel. C’est finalement, malgré toutes les imperfections liées à la commercialisation du lieu, retrouver le foyer où sont nées à la fois la république et l’art modernes, par cette renaissance métaphorique dont chaque touriste croit s’imprégner en contemplant ébaubi des chefs-d’oeuvre ou en dégustant il suo gelato.

Ceci ne constitue que le sfumato, le flou typiquement toscan baignant le paysage. La vérité toute nue est que l’Italie est une immense cuisine à laquelle il faut bien donner une réalité sociale, commerciale ou politique. L’important, avant tout, c’est de bien manger et de passer un bon moment. Le miracle reste que le marcheur, sous son parapluie, trouve toujours un café agréable où déguster son macchiato ou son Spritz, un restaurant honnête où bien manger, même pas très loin du centre. Le marcheur peut y consulter son appendice téléphonique, y trouver des éclats de cet autre pilier national, la famille, méditer sur les améliorations à apporter à la prochaine mouture du livre en cours, puis déguster son café, le limoncello, avant de reprendre son parapluie pour marcher encore un ou deux kilomètres, pour admirer, toujours sous l’averse, les eaux jaillir de Neptune près du Palazzo Vecchio.

500 ans après De Vinci et Michelange, le livre en cours ou même sa propre vie, qu’est-ce que c’est, sinon un peu d’eau, comme l’Arno, sous les ponts?


«La dame de la rue des Messieurs» dans Avenues.ca

1 mai 2022

Richard Migneault fait une recension de mon dernier roman sur le site Avenues.ca.