La phrase m’est venue alors que je quittais ce matin la place Marquès de Pombal pour traverser le parc Eduardo VII. Au-dessus des saules et des gigantesques platanes, Lisbonne me présentait ses façades pastel aux couleurs passées, ses collines semées de maisons crème. Campée à l’entrée du Tage, traversée par les vents atlantiques, Lisbonne exhale un parfum de grandeur déchue. Cette petite ville bancale, maladroitement assise, comme Rome, sur sept collines, a déjà commandé un empire. En arpentant ses rues bordées de hautes maisons ornées de balcons ornés de fer forgé, je retrouvais, en plus riche, en plus élégant, en moins tropical, des impressions de La Havane.
J’aime les villes. J’aime les femmes. Je ne serai pas le premier à personnaliser les premières sous les traits des secondes. New-York, malgré son âge, gardera toujours une ardeur et une grâce rétives et adolescentes. Prague est une passante blonde, dans la trentaine, au regard bouleversant. Venise est une grand-mère aux jambes enflées, luttant contre la démence. Lisbonne est cette belle femme d’âge indéfinissable, dont les yeux bruns, fardés, expriment la saudade, ce désir et cette mélancolie mêlés, typiquement lisboètes, qu’aucun mot français ne peut traduire.
Cette belle dame, par ailleurs, a de superbes mollets. Cette ville pentue, sans nul doute, est excellente pour le cœur.