Je suis de retour à Bangkok. J’y ai mis les pieds, la dernière fois, en juillet 1983, au milieu d’un mini-tour du monde qui m’avait mené de Montréal à Montréal en passant par l’Australie, Singapour, la Malaisie, la Thaïlande, la Birmanie, le Népal et, brièvement, Mumbai.
J’y suis retourné par contre par la voie de la fiction, pendant la (longue) rédaction de La Marche du fou, entre 1984 et (surtout) 1998-1999. Une grande partie du roman se passait en Thaïlande, sur une Kho Samui transposée et à Bangkok.
Curieusement, aujourd’hui, alors que j’arpente la ville, j’ai des souvenirs plus vivaces de mon roman que de mon premier passage, comme si ma Thaïlande inventée était plus vivace que la réelle. Au fond, ne vit-on pas toujours dans une ou plusieurs fictions? Celles de nos perceptions plus ou moins fiables, de nos souvenirs transformés, de nos rêves perdus?