Stephen Harper: le Grand Équarrisseur

J’ai toujours aimé Boris Vian. En lui, j’ai célébré l’homme-orchestre, écrivain, jazzman, ingénieur, critique, pataphysicien. Le 23 juin dernier marquait le cinquantième anniversaire de sa mort, survenue bien ou mal à propos lors du visionnement de l’adaptation cinématographique de J’irai cracher sur vos tombes. Ce jour-là, j’ai eu une pensée pour le Bison Ravi. Au collège, j’ai lu ses romans et mis ses poèmes en musique. J’ai parcouru sa biographie, fasciné par le foisonnement de cet esprit protéiforme. J’écoute toujours ses inclassables chansons.

Pourquoi évoquer le fantôme de Vian alors que cet article traite de l’actuel premier ministre du Canada? Une pièce intitulée L’équarrissage pour tous. Le verbe équarrir a plusieurs sens. L’un est de dégrossir, de tailler des pièces de pierre ou de bois pour les rendre carrées ou rectangulaires. Un autre est de dépecer les animaux morts dont la chair n’est pas consommable.

Par ses coupes dans les subventions aux organismes culturels, qui s’appuient sur des critères discutables, voire idéologiques, Stephen Harper cherche à nous « rendre carrés », à nier la création et la différence. La dernière réduction des budgets de Radio-Canada (800 postes, dont 50% dans le réseau français alors que les francophones comptent pour environ 25% de la population du Canada) est un acte politique.

En matière d’équarrissage, il semble que le chef conservateur, dans sa hâte d’américaniser la société canadienne, n’a pas la patience d’attendre que ses victimes soient mortes avant de les dépecer. Il découpe alors qu’elles palpitent encore.

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