Dans le coffre des mots perdus: le «détail» de Bernard Geoffrion

Bernard Geoffrion, inventeur du lancer frappé et à sa façon un poète, a vécu dans l’ombre de deux monuments: Maurice «Fusée» Richard et Jean Béliveau. Ceci sans compter les divinités mineures, Jacques Plante, Dickie Moore, Hector «Orteil» Blake et Henri «Poche» Richard.

À part la mise au point du «slap-shot» en tant qu’arme de destruction massive, on se souviendra de lui comme d’un homme candide, au franc parler, qui embarrassait parfois les intervieweurs en employant des expressions comme «se faire frapper dans la moune» ou encore la célèbre «blessure à la laine». Geoffrion fut ostracisé pour avoir gagné un championnat des compteurs en l’absence d’une Fusée suspendue. Il eut l’estomac perforé lors d’une collision accidentelle sur la glace. Enfin, il finit ses jours aux États, manquant de quelques jours la montée de son chandail numéro 5 jusqu’à l’olympe de la poutre centrale du Centre Bell.

Le langage du hockey de cette époque pré-Loi 101 comportait plusieurs particularités, certaines fort obscures tel «le détail», employé pour désigner les séries éliminatoires de la Coupe Stanley.

«Quand on joue dans le détail…» signifiait en gros qu’on passait aux choses sérieuses, après une saison de soixante matchs qui servait essentiellement à éliminer deux équipes sur six, les quatre autres s’affrontant en deux demi-finales selon les positions 1-4 et 2-3.

«On est toujours l’Iroquois de quelqu’un», chantait Lelièvre. Ce détail référait à un quelconque tout, probablement la saison régulière. Le mot par extension, signifiait peut-être aussi qu’il fallait sur la glace exécuter les petits jeux, les sacrifices défensifs, jouer avec une concentration de tous les instants, sous peine de se voir excommunier à l’église ou à la taverne.

Le tout demeure mystérieux. Peut-être provient-il de quelque anglicisme? Certains mots, comme des passagers clandestins, se glissent dans la langue commune sans qu’on sache d’où ils viennent. À moins que quelqu’un, quelque part, éclaire ma lanterne.

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