J’ai abordé le dernier roman de Louis Hamelin avec un certain scepticisme. J’avais seize ans en octobre 1970. «La Crise» constitue dans ma vie, comme dans celles de bien des Québécois, un nœud. Il y a eu un avant, un après. Il y a eu aussi tous ces romans, ces films, ces essais, ces reportages, ces hypothèses, ces accusations, ces démentis, ces procès plus ou moins bidon et surtout l’assourdissant silence des principaux acteurs, que ce soit les politiciens ou les terroristes.
Le roman de Hamelin, quarante ans après les faits, en suivait beaucoup d’autres. Qu’allait-il apporter de nouveau?
La constellation du lynx se signale certainement par la profondeur de son matériau historique. La brique de 600 pages regorge de détails, de points de vue, de révélations, que certains, évidemment, ne manqueront pas de contester.
Ce roman, après la polémique, comptera davantage par ses qualités artistiques. Louis Hamelin, un écrivain éminemment doué, a mis plusieurs années à peaufiner l’œuvre, qui témoigne d’une véritable maestria narrative. Le résultat est un livre baroque, déjanté, sauvage, polyphonique, dont la forme s’accorde à la complexité du sujet. Les morceaux d’anthologie abondent. Les descriptions de la nature abitibienne, les plongées dans l’univers des felquistes, de l’épisode de Percé aux troublants dialogues avec Madame Corps en France, les points de vue multiples et changeants, les niveaux de langue, du joual au précieux, les personnages attachants de Sam Nihilo et de Marie-Québec, tous ces éléments font que ce roman, probablement, passera l’épreuve du temps.
La constellation du lynx, par le sujet et par le style, est traversé, accessoirement, par le fantôme de Jacques Ferron, qui fut à la fois une victime, un témoin et un acteur de la crise.
«La crise d’Octobre était restée, depuis ce temps, la face cachée de la lune québécoise».
Paradoxalement, c’est peut-être par le biais de la fiction que ces événements, bien réels, nous deviennent compréhensibles.
Je m’adresse à l’auteur des polars mais également au médecin, ayant personnellement fait toute ma carrière au Ministère de la Santé et des Services sociaux et ayant passé plusieurs étés en vacances dans le magnifique paradis des Iles-de-la-Madeleine.
Je suis un fan de vos romans… Je m’y retrouve et je m’y vois lorsque vous parlez des endroits particuliers des iles. Je suis en voie de terminer la lecture de votre dernier roman connu, «Le mort du chemin des Arsène». Lors de mon plus récent souper-couscous avec des amis, vous avez été au centre de nos conversations car parmi mes invités, certains ne vous connaissaient pas en tant qu’auteur. Voilà, c’est maintenant fait et ils ont tous et toutes décidé de lire votre précédent «on finit toujours par payer». Et on se reverra par la suite pour discuter du dr Jean Lemieux en tant qu’écrivain.
Au plaisir de vous rencontrer au prochain Salon du Livre de Québec au printemps 2011.
Louis Blanchet, Québec
Bien heureux que mes romans vous plaisent.
Au salon de Québec, donc.
JL