Pour ceux qui pourraient se poser des questions, le chemin des Arsène existe bel et bien aux Îles-de-la-Madeleine, sur le versant nord-ouest de l’île centrale de Cap-aux-Meules. D’après mes connaissances, les Madelinots pourront me corriger, l’appellation tire son origine d’un Arsène Leblanc qui y aurait établi sa famille à la fin du dix-neuvième siècle.
Extrait du chapitre 3
Entre les villages de L’Étang-du-Nord et de Fatima s’étendait, mal circonscrit, le canton de Sur-les-Caps. Le lieu devait son nom aux falaises de grès qui supportaient l’assaut des grandes lames venues du chenal laurentien. Coincé entre des buttes arrondies et la mer, semé de quelques épinettes rabougries, le plateau herbeux n’offrait rien de la douceur des paysages de la côte sud. On y vivait face au nord, face aux vents, face aux glaces, dans de petites maisons pastel sans fioritures. En ce matin d’été, le paysage était charmant. Par un soir venteux de février, il n’avait rien d’invitant.
Peu après le phare, Surprenant s’engagea dans le chemin des Arsène, une étroite allée asphaltée qui montait vers les buttes. Il observa le voisinage. Si personne n’était dehors, aucun store n’était baissé. Les yeux des habitants de Sur-les-Caps, en ce dimanche matin, n’étaient pas tournés comme leurs maisons vers le nord et les caps tout proches, mais vers un cottage à pignons mauve devant lequel étaient garées, près d’un pick-up Toyota et d’une fourgonnette Dodge Caravan, non pas une, mais bien deux voitures de police.